Négociation
Dénominations
La négociation est un terme utilisé dans les jeux de société pour décrire une mécanique de jeu qui implique des discussions et des échanges entre les joueurs.
Catégories
Mécanique de jeu.
Définition
La négociation est une mécanique de jeu qui permet aux joueurs d'interagir entre eux en discutant, en négociant et en échangeant des ressources, des informations ou des actions. Cette mécanique peut être utilisée pour résoudre des conflits, conclure des alliances, échanger des ressources ou obtenir des avantages dans le jeu.
La négociation peut prendre différentes formes dans les jeux de société. Certains jeux offrent des mécanismes spécifiques pour faciliter la négociation, tels que des cartes de négociation dédiées ou des règles pour formaliser les accords conclus. D'autres jeux reposent davantage sur la communication verbale et la persuasion entre les joueurs pour parvenir à des arrangements mutuellement bénéfiques.
Les joueurs peuvent utiliser diverses stratégies lors de la négociation, telles que le bluff, le marchandage et la coopération, pour atteindre leurs objectifs dans le jeu. La psychologie joue également un rôle important dans la négociation, avec des aspects tels que la persuasion, la manipulation et la gestion des émotions qui peuvent influencer les décisions des joueurs et les résultats de la négociation.
L'évaluation des offres est un aspect crucial de la négociation dans les jeux de société. Les joueurs doivent prendre en compte à la fois leurs propres objectifs et les intérêts des autres joueurs lorsqu'ils évaluent les propositions de négociation. Cela peut impliquer de peser les avantages et les inconvénients de différentes options, d'estimer la valeur des échanges et des compromis acceptables, ainsi que d'anticiper les réactions des autres joueurs aux propositions faites.
La négociation peut être un élément central du jeu dans certains cas, où les joueurs doivent constamment s'engager dans des pourparlers pour avancer, tandis que dans d'autres jeux, elle peut être utilisée de manière plus périodique ou facultative, permettant aux joueurs de choisir s'ils souhaitent s'engager dans la négociation ou non.
Ingrédients / Causes
Les jeux qui utilisent la mécanique de négociation varient en termes de conception et de mécanismes, mais ils partagent généralement quelques ingrédients principaux comme l’interaction entre les joueurs, qui doivent communiquer et échanger des informations pour atteindre leurs objectifs, les ressources limitées, ce qui oblige les joueurs à négocier pour obtenir ce dont ils ont besoin, ou encore des objectifs conflictuels, ce qui peut conduire à des négociations tendues et à des conflits.
Les jeux qui intègrent la mécanique de négociation présentent donc des éléments essentiels qui stimulent l'interaction sociale et la prise de décision stratégique :
- Asymétrie des ressources : La présence de ressources limitées et la distribution asymétrique de ces ressources entre les joueurs constituent un catalyseur majeur pour la négociation. Cette asymétrie crée un environnement où les joueurs doivent s'engager dans des pourparlers pour combler les lacunes dans leurs propres ressources et obtenir un avantage concurrentiel.
- Interdépendance des objectifs : La nature des objectifs divergents entre les joueurs favorise la négociation. Lorsque les objectifs des joueurs sont interconnectés de manière à nécessiter la coopération ou la compétition directe, cela crée des incitations puissantes pour les joueurs à s'engager dans des discussions stratégiques pour atteindre leurs objectifs individuels.
- Coût d'opportunité : La négociation implique souvent des compromis où les joueurs doivent évaluer le coût d'opportunité de leurs décisions. Les joueurs doivent déterminer si les avantages potentiels d'un accord valent le renoncement à d'autres opportunités et ressources. Cette évaluation complexe contribue à la profondeur stratégique de la négociation dans les jeux de société.
- Théorie des jeux : La mécanique de négociation s'appuie sur des concepts de la théorie des jeux pour modéliser les interactions entre les joueurs. Des concepts tels que la coopération, la réciprocité, la menace crédible et le dilemme du prisonnier* fournissent un cadre pour comprendre les dynamiques de négociation et prédire les résultats potentiels des discussions.
- Communication non verbale : Outre la communication verbale, la négociation dans les jeux de société peut également impliquer des formes de communication non verbale, telles que les expressions faciales, les gestes et les actions dans le jeu. Ces signaux non verbaux peuvent être utilisés pour transmettre des informations, influencer les perceptions des autres joueurs et renforcer les alliances ou les trahisons.
En intégrant ces éléments, les jeux de société créent un environnement riche et dynamique où la négociation devient un aspect essentiel de la stratégie et de l'interaction sociale.
Termes associés
- Diplomatie
- Coopération
- Trahison
Sélection (subjective) de jeux
- Diplomatie (Allan B. Calhamer, 1959)
- Rencontre cosmique (Bill Eberle, Jack Kittredge, Bill Norton, Peter Olotka, 1977)
- The Resistance (Don Eskridge, 2009)
- Catan (Klaus Teuber, 1995)
- Sheriff of Nottingham (Sergio Halaban, Andre Zatz, 2014)
- Bohnanza (Uwe Rosenberg, 1997)
Historique
La mécanique de négociation a une histoire riche et variée dans le domaine des jeux de société, s'étendant sur plusieurs siècles et évoluant à travers différentes cultures et contextes ludiques. Les premières traces de négociation dans les jeux remontent sans doute à l'Antiquité, où des jeux de stratégie comme le jeu royal de l'Ur, datant d'environ 2600 avant notre ère, impliquaient probablement des discussions et des accords entre les joueurs pour maximiser leurs chances de victoire. Les jeux de guerre de l'ancienne Chine, tels que le Go et le Xiangqi, mettaient également l'accent sur la diplomatie et les alliances pour établir la supériorité tactique sur le champ de bataille.
Au fil des siècles, la mécanique de négociation s'est développée et diversifiée dans différents genres de jeux de société. Au Moyen Âge européen, les jeux de négociation commerciale, tels que le Tric-Trac, ont gagné en popularité parmi les marchands et les aristocrates, où les joueurs devaient négocier des échanges commerciaux avantageux pour accumuler des richesses et du pouvoir.
Le XIXe siècle a vu l'émergence de jeux de société modernes intégrant la négociation comme élément central du gameplay. Des jeux comme le Poker et le Bluff, qui mettaient l'accent sur la tromperie et la manipulation des autres joueurs, ont captivé les foules dans les salons et les cercles sociaux de l'époque.
L'un des premiers jeux à formaliser la négociation comme mécanique centrale était le Diplomacy, créé en 1959 par Allan B. Calhamer. Diplomacy a introduit des règles spécifiques pour les pourparlers et les accords entre les joueurs, plaçant la diplomatie au cœur de la stratégie de jeu. Ce jeu a eu une influence majeure sur le développement ultérieur de la mécanique de négociation dans les jeux de société, inspirant une nouvelle génération de jeux axés sur la diplomatie et les alliances politiques.
Aujourd'hui, la mécanique de négociation est utilisée dans une grande variété de jeux de société, allant des jeux de guerre stratégiques aux jeux de commerce et de politique, en passant par les jeux de rôle et les jeux de bluff.
Citations anglophones
- "Negotiation is a key element in many board games, allowing players to interact and make deals with each other." (BoardGameGeek)
Citations francophones
- "La négociation est un élément clé dans de nombreux jeux de société, permettant aux joueurs d'interagir et de conclure des accords entre eux." (Tric Trac)
- jeu royal de l’Ur
- jeu Xiangqi
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* Le dilemme du prisonnier est un concept de la théorie des jeux qui illustre un scénario où deux individus peuvent choisir de coopérer ou de trahir l'autre, avec des conséquences différentes en fonction de leurs choix et de ceux de l'autre partie.
Le scénario classique du dilemme du prisonnier est le suivant : deux criminels sont arrêtés et détenus séparément, chacun accusé d'un crime grave. Les autorités n'ont pas suffisamment de preuves pour condamner les deux individus pour le crime principal, mais elles peuvent les condamner à une peine de prison plus courte pour une infraction mineure. Les autorités offrent alors à chaque criminel un marché : s'ils coopèrent en restant silencieux, ils seront tous deux condamnés à la peine plus légère. Cependant, s'ils trahissent l'autre en témoignant contre lui, ils peuvent être libérés tandis que l'autre reçoit la peine maximale.
Dans ce scénario, chaque criminel doit décider s'il doit coopérer avec l'autre (en restant silencieux) ou le trahir (en témoignant). Le dilemme réside dans le fait que si les deux coopèrent, ils bénéficient tous deux de la peine la plus légère, mais s'ils trahissent l'autre, ils peuvent obtenir une récompense personnelle plus grande au détriment de l'autre.
Le dilemme du prisonnier illustre comment les individus peuvent être incités à agir dans leur propre intérêt personnel plutôt que dans l'intérêt commun, même lorsque la coopération pourrait conduire à de meilleurs résultats pour tous. Ce concept est largement utilisé pour analyser les interactions humaines dans des situations où les choix individuels affectent les résultats collectifs, comme dans les négociations, les alliances stratégiques et les relations interpersonnelles.